Claire Kabdebon est post doctorante en neurosciences du développement au Laboratoire de Sciences Cognitives et Psycholinguistique (LSCP). Elle vient d’obtenir un financement de deux ans du Paris Region Fellowship Program pour développer, à partir du mois de novembre 2021, un projet interdisciplinaire sur l'étude des bases cérébrales des représentations linguistiques chez le nourrisson. La jeune chercheuse travaillera au sein de l’équipe ‘Language and its acquistion’ avec Sharon Peperkamp, en collaboration avec Jean-Rémi King, chercheur dans l'équipe Audition du Laboratoire des Systèmes Perceptifs (LSP). Elle nous parle de son parcours et de ses travaux de recherche.
De l’étude du traitement du signal à l’étude du développement et l’acquisition du langage
Diplômée de l’École Centrale Nantes, Claire Kabdebon a une formation d’ingénieure avec une spécialisation en traitement du signal. C’est au cours de sa dernière année d’école qu’elle découvre la possibilité d’utiliser ces outils mathématiques et informatiques pour tenter de décrypter et modéliser des phénomènes psychologiques, avec la même rigueur scientifique que lorsqu’on étudie des phénomènes physiques. Le stage de fin d’étude qu’elle effectue au Laboratoire de Neurosciences Cognitives et Computationnelles (LNC2), dans l’équipe de Boris Gutkin et celle d’Anne-Lise Giraud, portera sur un modèle de traitement de la parole. "Ce stage a confirmé mon intérêt pour les sciences cognitives, raconte-t-elle, et après avoir découvert les travaux fascinants de Ghislaine Dehaene-Lambertz sur le développement et l’acquisition du langage, j’ai décidé d’effectuer une thèse avec elle, sur les mécanismes d’apprentissage que peuvent déployer les nourrissons pour découvrir les règles qui structurent le langage."
L’interdisciplinarité du DEC en adéquation avec le projet de recherche de la jeune chercheuse
Après un post doctorat effectué aux États-Unis à l’université de Yale, l’obtention d’une bourse Marie Curie lui permet de revenir en France et d’intégrer le LSCP, au sein de l’équipe ‘Brain and consciousness’ dirigée par Sid Kouider, chercheur en neurosciences cognitives. "Le LSCP était alors un choix naturel pour ce retour : la triple expertise du laboratoire en cognition, sciences du développement et neurosciences correspondait parfaitement à mon projet de recherche sur les mécanismes de prédictions chez le nourrisson et leurs bases cérébrales. Et j’étais très heureuse de retrouver l’atmosphère bienveillante du DEC" confie-t-elle.
Identifier des représentations cérébrales associées aux sons de la parole et comprendre comment le cerveau du nourrisson parvient à les catégoriser
Claire Kabdebon vient d’obtenir un financement post doctoral d’une durée de deux ans du Paris Region Fellowship Program pour développer un projet interdisciplinaire à partir du mois de novembre 2021. L’objectif de ce projet de recherche est d’utiliser l’électroencéphalographie chez le bébé pour identifier les représentations cérébrales associées aux sons de la parole, et comprendre comment le cerveau du nourrisson parvient à les catégoriser. "Dans la continuité de mon projet avec Sid Kouider, je souhaite aussi étudier la manière dont les apprentissages – et les mécanismes de prédiction – peuvent impacter ces représentations cérébrales, précise-t-elle. Cette partie expérimentale se fera au LSCP avec Sharon Peperkamp qui est spécialiste dans l’acquisition de la phonologie". Par ailleurs, le Paris Region Fellowship Program autorise une période de détachement dans un laboratoire secondaire afin de bénéficier d’une formation complémentaire. "J’ai choisi de profiter de l’expertise de l’équipe de Jean-Rémi King en intelligence artificielle au LSP pour compléter cette étude par une approche comparative entre les algorithmes et le cerveau du bébé. Celui-ci surpasse encore les algorithmes les plus récents, et parvient à acquérir et développer des connaissances complexes comme aucun autre système biologique ou artificiel. L’intelligence artificielle est donc un outil de plus pour essayer de comprendre cette spécificité humaine. "
Dans l’espoir d’une reprise de l'expérimentation au Babylab du LSCP
La pandémie a largement impacté le projet que la jeune chercheuse devait réaliser avec Sid Kouider. « Je n’ai pas pu tester mon paradigme expérimental, mais j’ai bon espoir de reprendre cet été ! ». Claire est impatiente de pouvoir accueillir à nouveau des bébés au Babylab du LSCP, et de mener à bien ses projets. "Et plus globalement, j’espère par la suite pouvoir explorer les bases cérébrales d’apprentissages de plus en plus complexes, au-delà de la phonologie" conclut-elle.
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